L’annuel rapport 2024-2025 de Wo.Men in Finance indique que le taux de présence des femmes sur le lieu de travail dans le secteur financier belge atteint un niveau inédit. La combinaison des politiques d’inclusion, des quotas et de l’internalisation croissante des entreprises abolit des barrières que l’on pensait impossibles à franchir. Pourquoi y a-t-il aujourd’hui plus de femmes présentes en finance en Belgique ? état des lieux des tendances marquantes.
Pourquoi les femmes dirigent-elles de plus en plus vers le secteur financier belge ?
La présence des femmes dans le secteur financier belge est en progression constante, à la faveur d’un ensemble de réformes légales, d’initiatives internes. Parmi les principaux leviers favorisant l’installation des femmes dans le secteur, on trouve les mesures prises pour améliorer la rétention des talents féminins : programmes de mentorat, culture d’entreprise plus inclusive, politiques d’aménagement de la vie professionnelle et de la vie privée. Ces derniers s’inscrivent dans la mission de la communauté Wo·Men in Finance, qui bénéficie aujourd’hui de l’appui de quasi l’ensemble des acteurs financiers belges.
Un rôle important a également été joué par la loi. Les quotas dans les conseils d’administration ont contribué à un net progrès de la présence des femmes. Elles occupent 41,4 % des postes dans les entreprises concernées, contre seulement 26,4 % pour les structures non visées par la législation. Depuis la loi Smet-Tobback de 1994 et l’instauration en 2002 de la parité électorale, la Belgique a engagé une dynamique qui a pour objectif de favoriser l’équilibre entre les femmes et les hommes au sein de toutes les instances décisionnelles.
À ce propos, le tournant capital a eu lieu en 2011, lorsqu’il a été décidé que 30 % des membres des conseils d’administration de toute entreprise cotée ou publique devaient être des femmes. Cette mesure a élargi le champ des possibilités d’embauche à des femmes reconnues dans les responsabilités des postes stratégiques. L’essor des femmes dans le secteur financier belge n’est pas une simple coïncidence : il relève d’une volonté politique, d’un cadre réglementaire de pression et d’un engagement de plus en plus prononcé des entreprises à parité à l’égard de la performance et de l’égalité des chances.
Profils et postes occupées par quelques femmes dans les banques belges

Le secteur financier belge s’engage dans une transformation profonde, animée par une progression continue de la part des femmes. Au terme du rapport annuel 2024-2025 de Wo.Men in Finance, les femmes occupent 35,7 % des fonctions de direction, un niveau historique depuis l’origine de cette initiative à partir de 2019. Une accentuation traduisant cette tendance structurelle installée dans un secteur longtemps masculin. Ces 70 institutions adhérentes représentant plus de 90 % du secteur financier belge, offrent une vision solide et représentative de l’évolution réelle du marché.
La progression ne concerne pas seulement les postes d’exécution. Le management intermédiaire enregistre également une avancée significative, avec une part de femmes qui s’établit à 47,4 % contre 46,9 % l’année précédente, ce qui indique une amélioration continue des droits des femmes à accéder aux fonctions clés de décision stratégique au sein des institutions financières.
À ce sujet, la progression est aussi impressionnante aux niveaux des conseils d’administration dont le pourcentage de femmes administratrices connaît une augmentation constante depuis quatre ans, avec un point de plus depuis 2021, où il était de 28,1 %, réduisant de la sorte l’écart persistant avec les hommes. En chiffres absolus, la progression, elle, est d’autant plus spectaculaire : 87 342 administratrices en 2014, contre 195 926 en 2024, ce qui représente une hausse de 124,3 % en dix ans. Ce développement témoigne d’une vraie transformation des structures de gouvernance des entreprises belges, durable et sur le long terme.
Au total, ces données montrent bien que les femmes du secteur financier, en Belgique, s’installent de plus en plus en position dominante, tant dans les métiers de direction que dans les instances qui vont décider. Cette bonne nouvelle traduit un changement culturel en profondeur, au sein des établissements financiers, qui résulte de réelles actions en faveur de la diversité, de la mixité, et de l’égalité.
Profils et postes occupées par quelques femmes dans les banques belges
Les femmes présentes dans le secteur financier belge occupent désormais des postes clefs, notamment dans la banque privée, la gestion des assurances, ou encore dans le management intermédiaire. Elles constituent une part significative, voire majoritaire dans ce secteur. Au sein des banques belges, les cadres intermédiaires sont presque aussi bien des femmes que des hommes, traduisant ainsi cette diversification progressive des profils au sens large au sein des institutions financières. Cela se traduit notamment par le parcours de plusieurs femmes, à l’instar de Géraldine Thiry, qui détient aujourd’hui un rôle central dans la gouvernance et la stratégie du secteur.
Géraldine Thiry — une top-manager à la Banque nationale de Belgique
Depuis septembre 2023, Géraldine Thiry est Directrice à la Banque nationale de Belgique (BNB). Elle est notamment en charge de la Statistique et la Résolution bancaire. Ce poste clé lui permet d’être intégrée aux mécanismes assurant la stabilité financière du pays, en lien avec la supervision des chiffres macroéconomiques ou le pilotage préventif du devenir des risques bancaires.
Le cheminement professionnel qu’elle a suivi est révélateur de l’ascension des compétences et de la place des femmes dans les cercles supérieurs du secteur financier belge. Elle participe à la BNB, au sein de laquelle elle participe effectivement à l’élaboration des politiques économiques et au raffinement des outils statistiques, témoignant ainsi de l’opérabilité des profils féminins à la direction de grands domaines techniques et stratégiques.
Impact de la diversité de genre et perspectives d’avenir dans les institutions belges
L’ascendance des femmes dans le secteur financier en Belgique dépasse et ne se cantonne pas à une seule dimension statistique, elle agit comme un puissant vecteur de la transformation interne de la culture et de la performance des institutions. Pourtant, si des conquêtes notables sont bien à l’œuvre dans les sphères de direction et les comités exécutifs, le sexisme structurel et les inégalités d’accès aux opportunités professionnelles sont encore la réalité dans bien des lieux de travail.
L’éducation financière : un pilier pour renforcer l’égalité à long terme : dans la perspective d’un avenir meilleur et plus équitable, l’éducation financière est un outil indispensable. Sensibiliser les jeunes, et tout particulièrement les jeunes femmes, aux métiers de la finance permet d’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles, mais également d ‘ aborder des secteurs traditionnellement perçus comme masculin sous un nouveau prisme, ce qui est source de confiance.
Un engagement institutionnel porté par la coopération belge : dans le cadre d’une mise en œuvre efficace de l’approche « Genre » au sein de la coopération belge, celle- ci intègre pleinement en exclusivité cette dimension dans ses politiques et programmes. Cet engagement de mise en œuvre participe à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), en faveur de l’autonomisation des femmes, de la réduction des inégalités et de l’inclusion économique.
La ré-orientation du secteur financier belge est en route. Grâce à la législation, aux actions collectives et aux ambitions portées par les professionnelles qualifiées, elles trouvent leur place dans toutes les strates d é décisionnelles du secteur, à savoir : direction, gestion, gouvernance et expertise. C’est un fait avéré, la finance belge est en passe de devenir un secteur d’opportunités pour les femmes et les prochaines années devraient le confirmer.